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La rentrée de La French Tech : décryptage du paysage politique et économique

Publié le
18 septembre 2024
la rentrée de la french tech

La rentrée de la French Tech Saint-Étienne Lyon se déroulait ce 17 septembre dans un contexte inédit. Notre adhérent “Acteur de l’Innovation” CALIF, cabinet de conseil en affaires publiques, a décrypté la situation politique et économique de la France.

Entre incertitudes politiques et résilience technologique

Alors que l’écosystème technologique français continue de se montrer résilient, l’incertitude politique post-élections législatives plonge les français dans l’incertitude. La nomination de Michel Barnier comme Premier ministre ouvre une nouvelle ère, marquée par de nombreuses interrogations sur les orientations politiques et économiques de la France. Pourtant, au cœur de cette tourmente, la French Tech est décidée à poursuivre sa croissance et son développement.

Un paysage politique bouleversé

Les élections législatives anticipées de juin et juillet 2024 ont abouti à une situation politique inédite en France. L’alliance de gauche, menée par le Nouveau Front populaire, a obtenu une majorité relative, loin de la stabilité qu’exige la Vème République. Avec 182 députés pour la gauche, 166 pour le centre, 142 pour l’extrême droite et 42 pour la droite, aucun bloc ne détient une majorité absolue, rendant extrêmement difficile la mise en place d’un gouvernement stable.

Après une période de 51 jours sans gouvernement – l’une des plus longues depuis la Seconde Guerre mondiale – Emmanuel Macron a finalement nommé Michel Barnier, une figure historique de la droite, au poste de Premier ministre. Connu pour son rôle dans les négociations du Brexit, Barnier est appelé à constituer un gouvernement capable de répondre aux défis économiques pressants.

Les enjeux économiques : une politique libérale en temps de crise

Michel Barnier, soutenu par une partie de la droite et du centre, est attendu sur des réformes économiques ambitieuses. Sa vision, en continuité avec celle d’Emmanuel Macron, prône une baisse de la fiscalité sur les entreprises et un renforcement de la compétitivité, en particulier dans les secteurs stratégiques comme la tech. Toutefois, la marge de manœuvre est réduite : la France est confrontée à un déficit public alarmant, atteignant 56 % du PIB en 2024, bien au-delà des prévisions initiales.

Le budget de l’État, et notamment le Projet de loi de finances (PLF) 2025, sera un enjeu majeur dans les mois à venir. Placée sous surveillance par la Commission européenne en raison de son déficit excessif, la France devra présenter des trajectoires crédibles pour réduire ce dernier tout en maintenant un climat économique favorable à l’innovation. Des coupes dans les aides aux entreprises, telles que le Crédit Impôt Recherche (CIR), ne sont pas exclues, ce qui inquiète les entrepreneurs du secteur.

Malgré ces défis, le monde économique reste optimiste. Patrick Martin, président du Medef, qualifie Barnier d’« homme très pondéré, très déterminé et très expérimenté », rassurant ainsi les chefs d’entreprises sur la direction à venir. Cependant, l’attente reste palpable quant aux premières décisions économiques concrètes du nouveau gouvernement.

Un écosystème tech résilient, malgré les incertitudes

Malgré ce contexte politique et économique instable, l’écosystème tech français continue de faire preuve de résilience. Une étude réalisée par Numeum montre que 85 % des startups françaises ont maintenu ou augmenté leurs effectifs en 2024, avec une croissance particulièrement marquée dans la greentech et les startups industrielles. Les entreprises du French Tech 120 se distinguent par leur capacité à créer des emplois, contribuant à l’embauche de 342 000 personnes au total, une augmentation de 4 % par rapport à l’année précédente.

Néanmoins, le secteur technologique reste en attente d’un accompagnement plus fort de la part de l’État. La structuration de l’écosystème et la continuité des incitations fiscales, telles que le CIR, sont au cœur des préoccupations des entrepreneurs. Beaucoup appellent à une « pause réglementaire » pour éviter des changements de cadre juridique qui pourraient fragiliser les startups et ralentir l’innovation.

L’intelligence artificielle au cœur des priorités

Le secteur de la tech, et plus particulièrement celui de l’intelligence artificielle (IA), bénéficie d’un soutien croissant du gouvernement. En juin 2023, Emmanuel Macron a réuni les plus grands talents français de l’IA à l’Élysée, témoignant de son engagement à faire de la France un leader dans ce domaine. Le sommet international sur l’IA, prévu à Paris en février 2025, sera un moment clé pour affirmer cette ambition.

L’IA n’est pas seulement un enjeu économique, c’est aussi une question de souveraineté technologique et de compétitivité mondiale. Michel Barnier, avec son expérience européenne, pourrait jouer un rôle déterminant dans les négociations et les régulations à venir sur le sujet au sein de l’Union européenne. La France, déjà en pointe grâce à plusieurs plans d’investissement, doit cependant accélérer pour maintenir sa position.

Les défis parlementaires à venir

La rentrée parlementaire de septembre 2024 s’annonce également cruciale pour l’avenir du secteur numérique. Des figures politiques comme Aurélien Lopez-Liguori (RN) et Rémi Cardon (PS) se saisissent des questions de souveraineté numérique, de protection des données et de régulation des grandes entreprises de la tech. Ces enjeux, largement transpartisans, pourraient renforcer le rôle du Parlement dans l’encadrement de la révolution technologique en cours.

Le député Paul Midy (Ensemble) est quant à lui un ardent défenseur de l’investissement dans les startups, plaidant pour des mesures fiscales et des incitations renforcées en faveur de l’innovation. Ces débats promettent de structurer les politiques publiques liées à la tech pour les années à venir.

Une French Tech dans l’attente

La French Tech aborde cette rentrée 2024 dans un environnement incertain, où les bouleversements politiques se mêlent aux défis économiques. Toutefois, l’écosystème technologique français, soutenu par une communauté d’entrepreneurs résilients et ambitieux, semble bien armé pour affronter ces obstacles. Avec l’arrivée de Michel Barnier et la montée en puissance de la question de l’intelligence artificielle, la France pourrait bien tirer son épingle du jeu et confirmer son rôle de leader européen dans la tech.

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