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[PORTRAIT] Tim Saumet, Tilkee, co-lead Commission Hypercroissance
Valoriser. Valoriser les entrepreneurs et les membres qui s’investissent dans notre association fait partie intégrante de notre ADN. Parce que les entrepreneurs et nos adhérents sont au cœur de nos actions, nous souhaitons mettre en avant leur parcours et leurs projets.
Voici le portrait de Tim Saumet, co-fondateur et CEO de Tilkee, membre de notre Conseil d’Administration, co-lead de notre Commission Hypercroissance et investi dans la Commission Impact Sociétal.
Découvrez son portrait
Les propos sont restitués d’une conversation enregistrée.
Quelques mots pour te présenter toi et ton parcours ?
J’ai 40 ans, un fils de 10 ans et j’ai un parcours assez académique : prépa, puis école d’ingénieur (Grenoble INP). J’ai débuté l’entrepreneuriat là-bas, en m’occupant du BDE. J’ai commencé ma vraie vie professionnelle dans la startup parisienne Traveldoo, qui a été rachetée depuis par Expedia et c’est là où j’ai tout appris ! Je suis passé de la gestion de projet à des choses beaucoup plus techniques en administration réseau système, de l’implémentation, etc. L’expérience a duré 3 ans puis j’ai rapidement eu besoin d’avoir un peu plus de sens.
Pour répondre à cette problématique, je me suis mis en ⅘ c’est-à-dire que je consacrais un cinquième de mon temps à être prof de mathématiques dans un lycée professionnel. C’est là que j’ai découvert qu’il n’y a pas de bons ou mauvais profs, ni bons ou mauvais élèves, c’est vraiment un métier compliqué ! Au bout d’une année scolaire, j’ai compris que ce n’était pas ma voie, j’ai démissionné et je suis parti avec Médecins sans Frontières.
J’ai fait quelques missions avec MSF, dont une en Côte d’Ivoire pendant laquelle j’étais responsable de tous les aspects non-médicaux d’un hôpital de 500 salariés. Je m’occupais d’une soixantaine de collaborateurs dans le périmètre administratif et logistique, dans un contexte très différent de ce que nous pouvons connaître habituellement. Par exemple en France, la gestion opérationnelle des salaires est un processus assez “simple” : pour payer les salariés on fait un virement en fin de mois. Là-bas, nous n’avions pas de banque, nous faisions donc transiter des valises de billets et préparions les paies dans des enveloppes individuelles, une par une. La gestion de paie nous prenait une journée entière ! Autre exemple : nous avons eu une coupure d’eau potable pendant un mois. Il a fallu trouver des solutions créative (location de camions citernes, station d’épuration “maison”, etc…), mais ça a été une expérience très riche ! J’ai aussi été en mission notamment à Haïti et après quelques missions de formations à Paris et New York je me suis rendu compte que je ne voulais pas consacrer ma vie à l’humanitaire et c’est pour cette raison que j’ai montée ma première entreprise.
En 2006 j’ai donc fondé une agence de création de site internet complexes sur les bases open source. C’est une aventure que j’ai mené pendant 8 ans jusqu’à ce que je la revende pour me consacrer à Tilkee en 2014 !
Peux-tu nous en dire plus sur Tilkee et comment l’idée t’ait (vous ait) venue ?
Rendons à César ce qui est à César… l’idée n’est pas de moi ! C’est Sylvain Tillon, mon associé, qui a eu cette vision. Il avait l’expérience, en tant que commercial, de passer un temps considérable à rédiger des devis, prendre le temps de comprendre les problématiques des clients… toute la phase d’avant-vente qui peut être longue et complexe sur laquelle on investit beaucoup de temps et d’argent… Cette phase aboutit souvent à une proposition commerciale, et là c’est le grand vide ! On ne sait pas exactement ce qui se passe, une fois le devis envoyé, on attend, on relance… c’est anxiogène pour les commerciaux ! D’où l’idée de tracker les propositions commerciales pour savoir ce qui se passe une fois qu’elles étaient envoyées. Est-ce que les prospects les ouvrent, les lisent ou les lisent jusqu’au bout ? Pour pouvoir en déduire les bons moments auxquels il faut rappeler les prospects et comment améliorer ces propositions pour qu’elles soient les plus percutantes possibles !
Depuis la création de Tilkee en 2014, nous avons beaucoup pivoté pour se positionner maintenant principalement sur les grands comptes : nos principaux clients sont Schneider, Orange, EDF, Bouygues, Unéo… et on les aide à comprendre le comportement de lecture de leurs contacts sur leurs documents stratégiques. Savoir quels documents sont lus, quand, combien de temps… pour être le plus efficace dans leurs relations, en particulier dans les relations commerciales mais pas uniquement.
Tu as dit lors de notre soirée annuelle que tu voulais donner du temps en bénévolat dans des associations, pourquoi est-ce important pour toi ?
Effectivement, j’ai donné depuis plusieurs années jusqu’à un mi-temps à des associations. Aujourd’hui je donne environ 8 heures par semaine de mon temps à du bénévolat. Ce qui a du sens pour moi aujourd’hui et là où je pense apporter de la valeur, c’est sur l’accompagnement d’entreprises ou entrepreneurs à impact. Des projets qui répondent à un problème de société, cherchent à apporter des solutions nouvelles, durables mais tout en s’adossant à un modèle économique pérenne.
Pourquoi est-ce que j’ai ce besoin-là ? C’est une sorte de besoin impérieux, de donner du sens à ma vie professionnelle et avoir de l‘impact. Chez Tilkee aujourd’hui, notre proposition de valeur n’est pas centrée sur de l’impact, même si nous mettons à disposition la technologie gratuitement pour les demandeurs d’emplois, pour les enseignants pendant cette crise du Covid-19 par exemple.
Tu as créé plusieurs entreprises, quels obstacles différents as-tu rencontrés ?
J’aurais tendance à reposer la question autrement. Pour moi il n’y a pas tellement d’obstacles, il y a des marches à monter. Dans les deux cas il y a la notion de dépasser les difficultés, mais quand on monte une marche, on va se servir de l’expérience acquise pour pouvoir gravir celle d’après. C’est une question de posture. Il me semble fondamental de travailler sur sa posture d’entrepreneur et ne pas voir des obstacles à surmonter mais juste des marches à monter. Plus on monte, plus on progresse, plus on va haut.
J’ai connu des difficultés, notamment dans ma première entreprise, ça a été d’être au four et au moulin en permanence. C’était très inconfortable, je faisais tout, tout le temps, et mal finalement ! Je passais de la comptabilité à la gestion de projet, au management en bossant comme un fou, j’étais épuisé, à la limite du burn-out. Finalement ce premier obstacle c’était moi-même. Je n’étais pas assez préparé à l’ensemble des défis auxquels j’avais à faire face, je manquais de prise de recul.
Chez Tilkee, la difficulté qu’on a eu a été de passer du “Nice to Have” au “Must Have” ! Il a fallu qu’on market, qu’on réfléchisse à nos cibles… Au tout début, notre pitch était de dire à nos clients, des TPE et PME, qu’on permettait d’augmenter leur taux de conversion de devis en commandes. En faisant le tour de nos prospects, on s’est aperçu que la moitié ne savait ce qu’était un taux de conversion, que peu le mesuraient et qu’ils n’avaient pas de CRM… On vendait donc quelque chose de super mais personne n’en avait le besoin “impérieux”. Il nous a fallu du temps pour travailler dessus, ça a été une vraie difficulté !
Quels conseils pourrais-tu donner à ceux qui veulent se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat ?
Ce qui est fondamental, c’est de travailler sur sa posture entrepreneuriale. Au Centre des Jeunes Dirigeants, dont j’ai fait parti, on dit qu’être dirigeant c’est apprendre à faire ce qu’il y a à faire, avec compétence. C’est-à-dire accepter qu’il y ait des choses sur lesquelles on ne puisse pas faire l’impasse. Par exemple, je ne peux pas faire l’impasse sur de la finance, je ne dois pas faire le travail de mon expert-comptable mais je dois être en mesure de comprendre ce qu’il me dit. Il y a un certain nombre de domaines techniques, mais surtout de savoir-être, sur lesquels il faut monter en compétences. Une des façons de travailler là-dessus est de faire du développement personnel.
Autre point clé : s’entourer de pairs ! Le fait d’échanger avec des entrepreneurs qui sont dans les mêmes étapes de développement est fondamental. Cela permet également de rompre l’isolement. En effet, ce n’est pas toujours simple d’échanger sur l’entrepreneuriat avec son entourage qui ne connaît peut-être pas les mêmes logiques, les mêmes difficultés.
Je dirais également expérimenter ! Tous les entrepreneurs que j’ai la chance d’accompagner, assez souvent, ont le même réflexe : ils ont une super idée, la peaufinent à fond et se confrontent au marché au bout d’un certain temps. Les « Tech » après avoir codé pleins de choses super, ou, pour les profils un peu plus market, après avoir élaboré une stratégie marketing commercial top… Non ! Il faut se confronter au marché et expérimenter le plus vite possible. C’est fini l’époque où on mettait un an ou deux à prototyper quelque chose avant d’aller le vendre. Maintenant on a une idée : on va la vendre !
Enfin, penser à l’impact. Pour moi, ça doit aujourd’hui être au centre de nos préoccupations : une startup ne peut plus être uniquement au service de ses actionnaires pour maximiser un profit mais doit avoir un impact ! Dans ce cadre, une première définition d’ « Impact » serait le fait d’intégrer des pratiques vertueuses pour l’ensemble de ses parties prenantes, en particulier les contraintes environnementales. C’est quelque chose qui pour moi est fondamental. La recherche d’impact peut être le cœur de métier de l’entreprise ou au minimum un objectif ! Par exemple chez Tilkee, nous essayons de mener plusieurs initiatives en ce sens pour limiter notre impact écologique : comme encourager nos collaborateurs à venir en vélo, limiter les transports en proposant le télétravail. On avait déjà commencé à mettre des choses en place et augmenté le télétravail avant même le confinement.
Par ailleurs, une des conséquences liée au Covid-19 est que nos bureaux sont moins utilisés. Nous avons donc eu envie de mettre en place un espace de co-working pour des entreprises à impact au sein de nos bureaux, leur proposer un tarif intéressant et leur permettre d’avoir un lieu dans lequel on puisse échanger. C’est notre manière d’aider les entrepreneurs et startups qui ont un réel objectif d’impact social, sociétal, environnemental.
Pourquoi t’investir dans la dynamique French Tech One Lyon St-Etienne ?
Pour deux raisons. Déjà pour essayer de redonner à l’écosystème une partie du temps que je peux mettre à disposition, une partie de mes compétences et retours d’expériences ! Puis également pour continuer à être entouré de mes pairs, être en lien avec d’autres entrepreneurs plus expérimentés que moi et continuer à apprendre à leur contact.
Quel est ton rôle en tant que co-lead de la Commission Hypercroissance ? Peux-tu nous en dire plus sur cette dernière ?
Je dirais LES commissions, car l’idée c’est de se faire se rencontrer des CTO, des DAF, Responsables sécurité informatique… pour échanger entre pairs sur nos problématiques communes. L’expérience montre que nous avons assez souvent les mêmes problématiques et échanger entre nous permet, d’une part, de nous rassurer car on se sent moins seul. Et d’autres part de partager nos solutions. Il y en a toujours un qui a une solution maligne à laquelle nous n’avions pas pensé, un process, une méthodologie sur laquelle on hésitait… C’est le fait d’avoir des retours d’expériences et de pouvoir apprendre tous ensemble qui est clé. Faire la somme de nos compétences pour avancer le plus rapidement possible !
On se réunit une fois par mois, nous sommes une douzaine et c’est assez ouvert. Initialement c’était plutôt des startups qui avaient le Pass French Tech mais c’est aujourd’hui ouvert aux startups qui ont plus globalement une problématique d’hypercroissance. En tant que co-lead, j’anime parfois la réunion. Mais plus généralement la règle est que celui qui accueille la commission chez lui s’occupe de l’organisation. J’essaie modestement de relancer et recadrer les débats, si besoin. Je m’assure que nous restions toujours dans un cadre de confidentialité et de bienveillance. J’ai l’habitude de lancer les débats sur une question : “Qu’est ce qui vous empêche de dormir en ce moment ?” et cela nous permet toujours de dérouler le fil et tomber sur des problématiques communes.
French Tech One en 3 mots ?
« MIXITÉ » : volonté forte de la gouvernance et je pense que c’est intéressant, ça va dans le bon sens ! C’est suffisamment rare, surtout dans la Tech, pour qu’on puisse le mettre en avant.
« BIENVEILLANCE » : que ça soit les membres, les administrateurs, le bureau, les différentes parties prenantes avec lesquelles on échange… la bienveillance est toujours présente, et j’aime cet état d’esprit.
« RASSEMBLER » : évidemment c’est l’ADN de French Tech One ! Rassembler l’ensemble des écosystèmes. C’est pour moi fondamental, l’idée n’est pas de recréer quelque chose qui existe déjà en se coupant des autres, mais au contraire rassembler l’ensemble des bonnes initiatives déjà en place et faire ce qu’il faut pour qu’elles aient plus d’impact !